Grâce au financement IDEA, j’ai participé du 15 au 17 novembre 2017 à Québec au colloque de l’ADMEE, Association pour le développement des méthodologies d’évaluation en éducation.
Si je ne retenais qu’une phrase ce serait : « évaluer c’est donner de la valeur ». Elle résonne comme une invitation à vérifier ce que nous évaluons et ce que nous n’évaluons pas, qu’il s’agisse des apprentissages de nos étudiants ou de nos dispositifs de formation : nos évaluations sont-elles calées sur ce qui a le plus de valeur à nos yeux ?
Plusieurs communications émanaient de formations médicales qui pourraient inspirer notre formation d’ingénieurs. Médecin et ingénieur doivent tous deux proposer une solution en réponse à un besoin ou un problème, commencent par établir un diagnostic, cherchent les paramètres pertinents et, les ayant examinés, imaginent des solutions, font des préconisations. Pour évaluer le raisonnement clinique, les médecins ont inventé les stations d’évaluation : l’étudiant se déplace d’un lieu à un autre où il rencontre une situation à chaque fois différente. Il prend connaissances de données, pose des questions au malade simulé et doit verbaliser son raisonnement jusqu’au diagnostic voire la prescription. Cette démarche pourrait être appliquée avec profit à l’évaluation du raisonnement de l’ingénieur. Un médecin a eu l’idée de faire précéder la station d’évaluation d’un rapide travail sur ordinateur, par lequel l’élève prend connaissance du cas et doit, dans un temps très limité (de l’ordre de deux ou trois minutes), écrire ses hypothèses. Ceci afin de tester non seulement le raisonnement hypothéticodéductif mais aussi l’intuition. Cela aussi pourrait inspirer la formation d’ingénieur.
Il a été largement question de l’évaluation des compétences. Cela nous concerne à l’heure où l’Ecole des Ponts ParisTech finalise le référentiel de compétences de sa formation d’ingénieur et où des départements commencent à monter des dispositifs pour évaluer les compétences acquises. J’ai ainsi été intéressé par « l’activité rendre-compte » dont témoignait une communication, forme aboutie de portfolio, ou encore par la notion de « jugement professionnel » porté sur le futur diplômé. Quelle activité professionnelle serais-je prêt à lui confier ?
Quelques mots encore pour donner un aperçu de la richesse de ce colloque où se rencontraient praticiens et chercheurs en sciences de l’éducation : évaluation de l’apprentissage vs évaluation pour l’apprentissage ; engagement cognitif en grand groupe (et l’aide que Moodle peut apporter) ; centre d’aide en mathématiques ; évaluation des attitudes professionnelles ; évaluation : pratique sociale négociée ; etc. Pour en savoir plus, demandez-moi le compte-rendu complet du colloque.
Jean-Yves Poitrat
jean-yves.poitrat@enpc.fr