Utiliser des boitiers de vote en cours ! L’interview d’une enseignante à l’IUT de Nantes

Cet interview est  extrait du blog “Pédagogies à venir” de université de Nantes réalisé par Anne-Céline Grolleau, conseillère pédagogique  et des élèves de l’IUT de Nantes dans le cadre d’une initiative d’utilisation des boitiers de vote en contexte universitaire. Ils interrogent Claire Lasalle, enseignante à l’IUT sur son usage des boitiers de vote en classe.

Disponible sur : http://blogs.univ-nantes.fr/pratiquespedagogiques/2016/01/28/186/

Propos recueillis par les étudiants du groupe Pédagovote : Margot Gilbert, Marie Horn, Kelly Michaux, Ophélie Porcher, Yvan Ikuzwe, Julien Maltete

Bonjour Claire. Vous êtes enseignante de mathématiques à l’IUT de Nantes. Depuis l’année dernière, vous utilisez des boîtiers de vote dans vos enseignements. Pourquoi avez-vous choisi cette solution ?

Comme beaucoup de mes collègues, je mène une réflexion permanente pour améliorer l’efficacité des cours et notamment des cours en amphithéâtre. Au-delà des contenus, des supports de prises de notes, l’animation des cours magistraux est un levier essentiel et le vote interactif m’a semblé pertinent pour répondre à trois points clés :

  • Comment rétablir l’interactivité en amphithéâtre ?
  • Comment mobiliser TOUS les étudiants ?
  • Comment suivre au mieux l’apprentissage ?
  • Comment avez-vous mis en place cette solution ?

Après avoir décidé de la solution la mieux adaptée aux contraintes techniques de notre établissement, j’ai soumis à mes collègues le projet d’acquisition de boîtiers de vote pour nos étudiants. L’idée était bien de s’inscrire dans une démarche collective, pour une utilisation régulière, de sorte que les étudiants puissent s’approprier le sens pédagogique de la démarche.
J’ai commencé par une phase de tests, que j’ai menée dans mes cours et mes TD, avant de déployer l’outil pour l’ensemble de l’établissement. Depuis la rentrée 2015, le dispositif est opérationnel : chaque étudiant du département GEA de NANTES est équipé d’un boîtier de vote personnel et mes collègues sont formés pour utiliser des quizz pendant leurs cours ou TD.

Qu’est-ce que les boîtiers de vote ont changé pour vous ?

Sans aucun doute, le changement le plus flagrant est dans la mobilisation des étudiants. Interroger lesétudiants pour les placer dans une démarche active est une pratique permanente des enseignants, mais combien d’entre eux se mobilisent vraiment ? Avec un boîtier de vote dans les mains, c’est la classe entière, ou l’amphithéâtre entier, qui se mobilise autour des quizz. À l’unisson, mes collègues partagent ce constat : le simple artifice de l’outil de vote modifie radicalement les dispositions dans lesquelles les étudiants accueillent les questions. Le jeu des questions-réponses est pris très au sérieux et la dynamique repose sur le retour instantané des résultats. Bien sûr, il y a aussi en
toile de fond la stimulation par le côté « compétition », que l’on peut conduire de manière très positive, avec notamment l’affichage possible d’un « podium » qui a, toujours, un énorme succès.

Voyez-vous des différences entre les cours où vous utilisez des télévoteurs et les cours sans ?

L’utilisation des boîtiers de vote est choisie à des moments clés de la progression, donc n’est pas systématique. L’enthousiasme avec lequel les étudiants se munissent de leur boîtier est remarquable. L’utilisation varie d’un enseignement à l’autre : dans mon cas, il s’agit de petits bilans, réguliers, en début ou fin de cours. Ce sont des moments de travail riches en apprentissage et aussi en animation. Sous l’impulsion du côté ludique de l’outil, les étudiants s’investissent et saisissent l’opportunité de mesurer leur niveau d’apprentissage, avec une comparaison instantanée avec l’ensemble de la promo. Du point de vue de l’enseignant, ce retour direct est aussi une information précieuse sur le niveau d’acquisition des étudiants. Il s’agit bien d’évaluation formative : l’occasion d’apporter les éléments de
correction, d’approfondissement, les mieux ajustés. Enfin dans cette dimension d’apprentissage par la correction, il me semble que le format « quizz » a un rôle dans la mémorisation : le problème soulevé est attaché à un contexte et à une mise en scène et cette mise en situation peut, à mon sens, servir d’accroche à la mémorisation.

Observez-vous des différences au niveau de l’intérêt, du comportement et de l’attention ?

C’est indéniable ! C’est même assez spectaculaire ! Même au fil des mois et des utilisations, j’observe toujours la même alchimie lorsqu’arrive le moment des quizz : des étudiants mobilisés, une attention récupérée instantanément (un bon moyen de rebondir en fin de cours lorsque la concentration baisse) : manifestement les étudiants sont très actifs et cette activité est profitable y compris en dehors des temps de quizz.

Allez-vous continuer cette pratique ?

Mon équipe et moi-même dressons un bilan très positif de cette expérience. Les étudiants nous font également un retour très encourageant : ils sont ravis et en redemandent ! Il est clair que nous allons donc poursuivre cette pratique, puisque la plus-value pédagogique escomptée est largement confirmée.

Comment envisagez-vous l’avenir de ce projet ?

Il y a encore beaucoup à construire pour faire vivre cet outil, l’améliorer, le déployer dans d’autres contextes… Progressivement les enseignants l’adapteront, au rythme et au format qui leur semblent pertinents. Selon la sensibilité de chacun, et sans contrainte, nous poursuivons toujours le même objectif : donner à nos étudiants la meilleure formation, l’outil de vote n’étant qu’une des multiples facettes de cette recherche de qualité pour nos enseignements.
Merci Claire pour ce partage !